Dans les précédents épisodes je me suis plutôt axé sur ce qui ne caractérisait pas une école par rapport à une autre, et pour cela, nous avons vu que les techniques ne permettaient pas de faire des différences.
Mais nous nous sommes intéressés à des techniques prises isolément : esquive, Atémi, Kansetsu, Nage, Kokyu, Ki Do Ho….
Il faut donc avoir une vue d’ensemble pour caractériser une école ! Comme souvent ce n’est pas le détail qui est important mais la vision globale !
J’ai déjà abordé dans une ancienne chronique les notions de Jutsu et de Budo, tout en spécifiant bien que ce n’est pas en mettant Jutsu ou Do derrière ju, aiki, karaté etc. que tout est dit.
Pour schématiser, le Bu Jutsu comprend des techniques de combat et le Budo est la voie du combat, et même la voie du combat pour l’arrêt du combat, avec une forte éthique et une recherche de réalisation de soi.
Et voilà, je vais, pour cette troisième année d’articles sur le blog, encore pouvoir paraphraser le début de mon premier billet.
Quelle année 2019 ! le bonheur d’être avec Doshu Soke Nanbu Yoshinao, une superbe inauguration du Honbu Dojo à Toulouse, de magnifiques stages internationaux dont une première aux Etats Unis d’Amérique et d’autres aux Maroc, au Cameroun, au Sénégal, en Espagne, en Norvège, en Italie, en Croatie, encore un livre de Doshu Soke, la Fédération mondiale de Nanbudo avec sa commission technique Internationale ne ménage pas ses efforts.
Précautions d’usage : au fur et à mesure que j’ai avancé dans cet article, je me suis demandé si je ne risquai pas de brider des recherches, réflexions, essais. Par conséquent mon article s’est étoffé de beaucoup de points de vigilance, j’espère qu’il ne sera pas trop indigeste ou confus.
Ce qui suit n’est donc pas une recette, un prêt à porter, des directives, mais un essai d’ouverture vers…des possibilités d’enrichir et de diversifier, des outils.
Départ :
Ikken Hissatsu : « tuer en un seul coup », peut nous permettre d’avoir une ligne directrice dans notre recherche, mais sans en faire un absolu.
Petit intermède technique, une fois n’est pas coutume.
Je suis, en effet, surpris dans bon nombre de stages, de me retrouver à corriger, expliquer cette technique de base, a-tel point que je commence souvent les stages par les combinaisons, me permettant de vérifier les liaisons appuis /mouvements de hanches/frappes (quelles quelles soient).
Rappel des évolutions historiques du karaté.
Dans mes précédentes chroniques nous avons vu que le Thi d’Okinawa, « le sabre à main nu » permettait de combattre avec un très haut niveau d’efficacité avec Ikken hissatsu : « tuer en un seul coup »
Avec l’ère Meiji qui démarre en 1868, c’est la fin du long moyen-âge japonais et la fin « des samourai », et un certain nombre d’évolutions ont eu lieu.
Quelques jours après mon dernier article sur le blog, je suis tombé par hasard dans le groupe Facebook « je suis un karateka » sur une vidéo avec une interview de 1994 de Jiro Otsuka Sensei et j’ai également lu avec intérêt une interview de Chinen Kenyu sensei dans la revue Yashima n°4 qui vient de sortir.
Jiro Otsuka est le fils d’Hironori Otsuka, le créateur du Wado Ryu, l’école de l’harmonie de la voie. Des 4 écoles majeures du Karaté (Shotokan, Goju ryu, Shito ryu, Wado ryu), le Wado ryu est la seule école japonaise.
Nous avons vu la mue du Thi d’okinawa, pratiqué clandestinement, où il s’agissait de sauver sa vie, donc d’être très efficace jusqu’à pouvoir tuer d’un seul coup.
Il s’en est suivi une transformation à des fins éducatives pour pouvoir être enseigné à l’école, en enlevant un certain nombre de techniques trop dangereuses.
Puis l’exportation au Japon du Karaté, avec la volonté d’être admis dans le budo, dont un des exemples de l’époque est le judo, va continuer à enlever ou modifier un certain nombre de techniques.
Il me semble qu’il y a des confusions sur les notions jutsu et do, souvent issues d’une vision simpliste de l’évolution historique des jutsu en do.
En effet, la filiation historique part des bugei, modes de combat pratiqués dans le haut moyen âge japonais pour passer au bu jutsu, techniques de combat dans l’ancien japon pour arriver au budo, voie du combat, et même voie du combat pour l’arrêt du combat, avec une forte étique et une recherche de réalisation de soi.
Au Nanbudo, nous avons une partie importante du Budoho que sont les randori no kata.
C’est une tradition dans le Karaté et le Judo
Si originellement en Okinawa-te on ne pratiquait que les kata, sont apparus au début du karaté au japon les kumite-kata pour travailler certains des bunkai des kata.
En fait, tout simplement, en karaté, alors que le kata se pratique seul, le kumité kata se pratique à deux.