C'est parti, les cours ont repris. Les anciens reviennent avec Force, Courage et Conviction.
A ce sujet, ancien ne veut pas dire octogénaire, une année de pratique et l'on est ancien ! Une heure de pratique et on n'est déjà l'ancien du nouveau venu.
Et ne pas avoir pratiqué le Nanbudo avec Doshu ces 15/20 dernières années ne fait pas un ancien du Nanbudo !
Comme l'a écrit Roland Habersetzer dans son « Fondamentalement MARTIAL » :
« La « voie » n'est rien d'autre que d'essayer d'être, « ici et maintenant », non devenir, encore moins d'avoir été »
De toute façon, le respect est dû à toute personne sans hiérarchie d'ancienneté.
C'est le premier précepte du Dojokun : « J'adopte une attitude de respect et de politesse vis-à-vis de mon partenaire. »
Et cela ne s'arrête pas à la porte du Dojo, qu'une personne soit Nanbudoka ou non, le respect est mutuel : Reï !
Après cette digression, je reviens à mon propos.
Les débutants vont découvrir le salut de début et de fin de cours qui parait souvent bien compliqué, bien long. Et très vite, ils vont apprendre les trois principes du Nanbudo, Nanbudo Mitsu no Chikara : Chikara Da, Yuki Da, Shinnen Da.
Nanbu Doshu Soke accordait une grande importance à ces principes.
Dans une interview accordée à une revue « THÉRAPEUTIQUES naturelles » numéro aout-septembre 1991, il répond :
« Le Nanbudo n'est pas né dans mon esprit comme une génération spontanée d'un nouvel art martial. La nouveauté, son originalité, réside dans la conjonction de tous les enseignements dont j'ai bénéficié. Comme l'arbre au tronc unique et fort, le Nanbudo a puisé ses bases et ses principes dans les différentes connaissances traditionnelles martiales recueillies par les racines multiples jetées dans toutes les directions. Le tronc est la synthèse des racines, le vecteur unique porteur de toutes les énergies et de tout l'équilibre permettant la croissance des jeunes pousses au bout des autres racines que sont les branches. Cette conception mouvante de tout art écarte à jamais l'interprétation sclérosante et figée de la tradition. A quoi servirait toute la connaissance des anciens si elle n'était d'aucune utilité pour l'avenir des jeunes et même des moins jeunes ? Et comment l'avenir pourrait-il être assuré sans les bases affermies d'un lointain passé ? La force, le courage et la conviction sont les trois principes de base du Nanbudo. Elles représentent le passé, le présent et l'avenir, comme les racines, le tronc et les branches de l'arbre. »
Il conclut cette interview en répondant :
« Mon vœu le plus cher est que le gestuel et les principes de vie du Nanbudo rapprochent tous les hommes avec la même force, le même courage et la même conviction, sans coercition mentale d'aucune sorte et, par conséquent, sans sectarisme culturel, racial où idéologique. »
Nous voyons bien là l'importance de ces principes, intégrés dans le salut, énoncé à voix haute.
Répétés ainsi, notamment en début de cours, nous nous programmons positivement, nous nous rendons disponibles au maximum pour le cours qui va suivre en oubliant pour un temps nos tracas.
Force, courage, conviction doivent donner lieu pour chacune et chacun d'une recherche de sens.
Ces mots ne veulent pas dire la même chose en fonction de l'âge, des conditions de vie, et leurs significations changent en fonction de sa pratique.
Il est important que chacun recherche ce que cela signifie pour lui et y revienne régulièrement au fur et à mesure de sa pratique.
Par contre, que ce soit en Budo Ho, en Kido Ho ou en Noryoku Kaihatsu Ho, on réfléchit avant, après mais pas au moment de l'action.
Ce n'est pas au moment de la pratique du Nanbudo Mitsu no Chikara, que ce soit dans le salut ou à un autre moment, que l'on y réfléchit.
Je ne vais pas ici donner de définition, ce serait fermer à toutes réflexions, mais je vais plutôt dire ce que cela n'est pas !
Force : il n'est pas question ici de puissance, de muscle, de pouvoir (magique), de supériorité, de brutalité, de démonstration (de force).
Courage : il ne s'agit pas de faux héroïsme, de vantardise, de mise en avant de son égo dans des démonstrations spectaculaires de « tes pas cap ! ».
Conviction, comme l'a dit Doshu plus haut, il n'y a pas de sectarisme, de dogmatisme, de fanatisme.
Ces trois principes sont interpénétrés : il n'y a pas de Force sans Courage et Conviction ; il n'y a pas de Courage sans Force et Conviction ; il n'y a pas de Conviction sans Force et Courage.
Répétés à haute voix, ils nous mettent en position d'agir, de surmonter les difficultés, de dynamisme.
Petit à petit, ces trois principes nous imprègnent. Nous continuons à utiliser l'exercice à voix haute comme support. Il faudra toujours être vigilant à ne pas le faire de manière mécanique tout en pensant à autre chose, mais d'être vraiment « présent » aux sensations de ce que l'on fait, de ce que l'on vit.
Le faire ensemble lors du salut où lorsque l'on fait l'exercice Nanbudo Mitsu no Chikara, à l'unisson, en harmonie, donnant et recevant, les sensations sont encore plus fortes. Nous partageons quelque chose d'indescriptible, et nous en sortons avec plus de force, de courage et de conviction.
Faites-en l'expérience : vous ne sentez pas au moment du Nanbudo Mitsu no Chikara la différence entre le salut du début et le salut de la fin ? N'est-ce pas après avoir partagé ensemble des sensations lors d'un cours qui vous a semblé exceptionnel pour vous au début, et lors de n'importe quel cours ensuite ?
Et puis imprégnés par ces sensations, par le sens que l'on y donne, nous n'avons plus besoin du support (la position Seiza, le Seikuza Ho, les commandements, la voix haute), le Mitsu no Chikara devient de plus en plus présent, consciemment ou non, dans tout ce que l'on fait au Nanbudo, voire en dehors du Nanbudo.
Et toutes les sept forces se font avec Chikara Da, Yuki Da et Shinnen Da, mais c'est une autre histoire !
Vous pouvez approfondir à l'envie dans les livres du Doshu qui a développé ce thème dans « ART MARTIAL DE L'AN 2000 » et dans le volume 1 de sa nouvelle collection, « LES TECHNIQUES YIN DU NANBUDO, Les 3 principes et les 7 forces ».
À bientôt, avec Force, Courage et Conviction !
Je vous embrasse.
Carel Stéphane Daï Shihan