Les week-ends se suivent et se ressemblent, stages, compétitions, les Nanbudokas retrouvent le chemin du tatami, surtout les jeunes.
Tout est mis en œuvre à peu près partout, pour continuer le Nanbudo.
Très fières et très fiers de pratiquer le Nanbudo avec Yoshinao Nanbu Doshu Soke, nous pouvons être fières et fiers de continuer !
Il ne s'agit nullement d'arrogance ou de sentiment de supériorité, mais de dignité et d'honneur !
Doshu nous a fait part de ses préceptes de vie Jinseikun, et après les avoir faits sien, il nous les a proposés :
Shougai Keiko : poursuivre la pratique toute sa vie durant.
Shougai Yuki : baser sa vie sur le courage et la persévérance.
Shougai Shinnen : mener une vie par ses convictions.
Sa vie nous a démontré que ce n'étaient pas des paroles jetées en l'air. En faire notre précepte de vie n'est pas se prendre pour le Doshu, même pas l'imiter. Comme il aimait le dire, « chaque personne est unique ». Notre vie n'est pas la même que la sienne, le contexte est différent, les problèmes à affronter ne sont pas les mêmes.
Mais il ne s'agit pas non plus de bien se faire voir en connaissant ces préceptes, mais d'y donner chacune et chacun notre propre sens !
Doshu accordait une grande place au fait que chacune et chacun ait une carte de sa vie, sache ce qu'il fait, sache comment il avance.
Il écrit : « Il y a beaucoup de gens capables dans leur vie, mais leur succès est trop souvent le fruit du hasard. Ce n'est pas par hasard qu'il faut réussir. Il faut travailler sur soi pour arriver avec certitude à ce que l'on désire. »
Certains diront « qu'il n'y a pas de hasard » tellement il y a de situations troublantes. Je me contenterai de dire, bien sûr qu'il y a des hasards, mais comment choisir, comment intégrer ces hasards-là dans la carte de notre vie ?
Bien sûr que c'est par hasard que j'ai pris un travail dans une association d'éducation populaire où se trouvait un club de Karaté Shukokai/Sankukai, mais j'ai choisi de m'y inscrire, j'aurai pu m'inscrire à d'autres arts martiaux qui s'y trouvaient également.
Il se trouvait par hasard, comme on dit, que mon professeur, Michel Wassertreiger, était un élève du Doshu à l'époque du Shukokai puis du Sankukai, et notamment dans le club du Doshu, Villa Terrasse.
Par contre, soucieux de notre libre arbitre, notre professeur nous a envoyé en stage chez différents Maitres japonais, et ma première rencontre avec Doshu, donc, pas par hasard, a été pour moi un véritable « coup de foudre », même si je n'ai pas bien compris ce qu'il m'a dit ! Coup de foudre pour Doshu et véritable « révélation » avec le contenu du Nanbudo.
Enfin, pour moi, avec l'Escrime, la Savate, la Canne et le Bâton, le Nunchaku de combat, le Ju-Jitsu, prenait corps ce qu'est le Bu Do, voie de l'arrêt des lances, voie du combat contre le combat en adéquation avec un certain nombre de principes du Nanbudo.
Cela me ramène à un vieux livre de Jacques Monod, biologiste et biochimiste, prix Nobel, qui avait écrit un livre : « le hasard et la nécessité » Pour schématiser à l'extrême, les rencontres de certaines particules, par exemple, se font par hasard, mais ne donnent un atome que si les conditions sont réunies.
De ce qui est nécessaire dépend la réussite ou l'échec de ces interactions.
Pour en revenir à « map de la vie » comme disait Doshu, certains la dessinent très tôt et d'autres la dessinent plus tard, au fur et à mesure « des hasards ».
Il se peut que découvrir un chemin, par hasard, fasse changer notre avis sur la direction à prendre. On peut se tromper, « rebrousser chemin » ou prendre un autre chemin pour retrouver la bonne direction. On peut aussi se perdre complètement et se retrouver, comme dans un labyrinthe, à choisir par hasard, se laisser diriger par le hasard et ne jamais retrouver la bonne direction, ou quelque direction que ce soit !
Doshu nous a ouvert plein de chemins pour suivre la voie qu'il nous propose, pour aller dans une même direction, quelques soit la sinuosité du chemin, des fois même sur des chemins parallèles.
Il ne nous a rien imposé, à chacune et chacun de faire son choix. Il en a prévenu quelques-uns qu'ils prenaient des chemins s'écartant de sa voie, sans jugement sur la personne. Il ne voulait pas qu'on le suive, il voulait que l'on fasse ça pour nous, pas de manière égoïste, mais ensemble. Certains de ceux qui s'écartaient sont revenus, d'autres non, chacun est responsable de sa vie.
Lorsque quelqu'un partait, il en était désolé bien sûr, blessé des fois tant il leur avait donné, tant il avait partagé avec eux, mais si celui qui partait trouvait sa voie, dans les arts martiaux ou autre, et était heureux, il en était satisfait.
Au Nanbudo Kaikan à la Capelette, il nous avait énoncé, comme il aimait bien le faire, cinq principes à l'usage de la femme et de l'homme d'action :
1) Avoir un but précis
2) Il faut savoir que le temps, c'est de la vie
3) Il faut d'abord commencer pour agir
4) Il faut se faire plaisir à soi-même
5) Il faut apprendre à imiter le Maitre jusqu'au bout.
Pour certaines et certains, quelle que soit la date du début de notre aventure avec lui, nous pouvons être fier de l'avoir accompagné jusqu'au bout, pas par idolâtrie, pas par devoir, bien plus que par fidélité, certainement par amour, mais surtout par adéquation avec son état d'esprit et ses recherches, par conviction que nous sommes fait pour le Nanbudo et que le Nanbudo est fait pour nous, pas par hasard mais par choix, construit au fur et à mesure de notre pratique.
Alors, nous continuons, pour nous même, et pour permettre à ceux qui vont nous rencontrer, peut-être par hasard, à faire leur choix, et telles les vagues se suivant, créer une mer dans le vaste monde des mers du Budo.
À bientôt sur les tatamis, je vous embrasse.
Carel Stéphane Daï Shihan