Je vais continuer « mes petites pierres « par contre je ne pourrai plus le faire d'une manière mensuelle et régulière.
Mais je ne pouvais pas ne pas écrire dans le blog (on dit toujours comme ça, blog ?) de l'AFDP à cette occasion.
Encore un beau stage à Playa de Aro pour fermer la saison 2022/2023 et ouvrir la saison 2023/2024. Un stage toujours avec son cortège de retrouvailles, d'échanges, d'émotions. Comme lorsque le Doshu était là, beaucoup de Nanbudoka français étaient présents, professeurs de clubs ou non, toutes et tous avec la volonté de continuer à travailler pour eux pour travailler pour les autres. Ne jamais s'endormir sur ses lauriers, être toujours avec la soif d'apprendre, de bouger, de modifier, de peaufiner, de partager.
Doshu nous a appris qu'il était important d'avoir des principes de vie, Jinseikun en japonais. Il a fait sien trois principes qui d'une part en dit beaucoup sur ce qu'il était et d'autre part intègrent son enseignement, l'enseignement de Nanbu Doshu Soke.
Shogai Keiko, poursuivre sa pratique sa vie durant.
Shogai Yuki, baser sa vie sur le courage et la persévérance.
Shogai Shinnen, mener une vie guidée par ses convictions.
Cela ne se décrète pas, cela se vit.
Et maintenant c'est la rentrée !
La rentrée des clubs, là où est le creuset de la découverte et de l'approfondissement du Nanbudo, avec le dévouement des enseignants toujours là, avec le support d'un calendrier copieux de stages et de compétitions que ce soit au niveau clubs, régional, national comme au niveau international.
Le Nanbudo est éducatif s'il est conduit par des éducateurs. Le Nanbudo est de son temps, art martial de l'an 2000. Le Nanbudo peut permettre une activité de loisir, une pratique de santé (physique, énergétique, émotionnelle, mentale), une éducation par le jeu d'opposition avec ou sans la compétition, une confrontation avec soi par la confrontation à d'autres, une maitrise de sa violence pour maitriser la violence des autres, un goût de l'effort pour le dépassement de soi, une réassurance dans un monde incertain, une réalisation de soi etc…etc… et UN PLAISIR !
Le Nanbudo peut permettre, par ses nombreuses facettes, à beaucoup d'y trouver un intérêt.
Mais le Nanbudo est, avant tout, un projet global, un Budo, un Shin Budo (nouveau Budo) créé par Yoshinao Nanbu Doshu Soke.
Il l'a pensé, conçu, lancé en 1978.
Dès le départ, il avait tout réfléchi et planifié.
Il a ensuite enseigné petit à petit ses techniques en fonction du niveau de ses élèves.
Il a testé en stages pour modifier ou non ce qu'il avait prévu, notamment pour les exercices de santé qu'il voulait accessibles à toutes et tous.
Au fur et à mesure, des nouveautés enrichissaient le reste, tout s'emboitait logiquement et la compréhension du tout prenait corps.
Il fallait juste travailler, patienter, pratiquer pour comprendre.
Certains ont pu penser qu'avec l'âge Doshu passait sur des activités de santé et d'énergie, mais non, tout était pensé comme cela dès l'origine.
Doshu faisait de la santé et du Ki des conditions d'efficacité du combat.
Mais il a fallu qu'il s'adapte à ses élèves, souvent venus de différentes écoles de Karaté dont le Sankukai qu'il avait créé. Il a alors priorisé un temps les techniques de combat pour garder le contact même si dès le début, il a introduit d'autres choses.
Il était forcé d'aller plus lentement que ce qu'il espérait afin que chacune et chacun comprennent l'ampleur de ce qu'il construisait. Il n'a malheureusement pas eu le temps de tout enseigner, ce qu'il avait prévu.
Il y a eu, bien sûr, des imprévus, non prévus au départ, comme Kaguya Hime no Kata, Kata pensé pour les femmes, enseigné par le Doshu lors d'un stage de femmes. Mais il était tellement logique qu'il le fasse !
Il n'y a pas de Nanbudo des origines, de Nanbudo ancien, de Nanbudo des années 80 ou des années 90. Il n'y a pas de Nanbudo que pour le combat, ou que pour travailler le Ki, ou que pour la philosophie, ce serait aussi vain que de vouloir séparer le Yin et le Yang !
Il n'y a qu'un Nanbudo qui s'est construit patiemment, avec une grande ténacité du Doshu pour arriver à le faire correspondre à son projet initial.
Il n'y a qu'un Nanbudo qui va continuer à se construire tant Doshu a laissé de matières à travailler de part tout ce qu'il a codifié et tout ce qu'il a écrit.
Mais justement, un Nanbudo ne veut pas dire un moule unique, un dogme, une répétition sans fin de techniques codifiées.
Un Nanbudo, le Nanbudo, c'est comme un Kata, c'est une forme qui permet aux personnes en pratiquant de s'exprimer, d'exprimer leur personnalité différente, de se réaliser.
Nous ne pouvons pas pratiquer de la même manière en fonction de son sexe, de son âge, de ses conditions de vie, de son physique, de ses années de pratique etc…etc…Mais ces différences ne modifient pas la forme ! Nous faisons du Nanbudo, du Nanbu Budo, le Budo auquel le Doshu a donné son nom.
Le Doshu a créé un Budo pour faire de nous des femmes et des hommes libres, capables de s'adapter, capables de s'exprimer, capables de créer.
Une école complète comme le Nanbudo demande du temps, beaucoup de temps, une vie comme pour toutes les voies, les Do.
Le cheminement est sans fin, mais on peut se faire plaisir tout au long.
Comme en montagne, qu'est-ce qui est important, arriver en haut ? Où découvrir quelque chose après chaque virage, être constamment étonné, s'arrêter pour voir, écouter, sentir, toucher : un paysage, un nuage, un cours d'eau, une roche, une plante, un insecte, un oiseau… ? Être présent à chaque instant, profiter à chaque instant, sentir à chaque instant, s'élever à chaque instant, sans but, sans être déjà à la fin (en haut ?) en ne voyant quasiment rien du chemin. Et puis si tenté que l'on soit allé en haut, on ne redescend pas ? On redescend à toute vitesse parce qu'il n'y a plus d'intérêt puisqu'on n'est arrivé en haut ? On parade parce que l'on est allé en haut ? Et même si on reprend le même chemin en descendant, ahhhh, continuer à cheminer, voir, écouter, sentir, toucher !!! On n'est déjà passé par là, mais rien n'est pareil !
Nanbudo c'est pareil, il faut du temps, il faut profiter de chaque instant, chacune et chacun à sa vitesse, tout le monde n'ira pas jusqu'au même endroit, mais tout le monde peut se faire plaisir sur son parcours, tout le monde peut se réaliser sur son bout de chemin, et tout le monde se retrouvera avec bonheur, comme au Dojo, à la compétition, au stage, dans la vie.
À bientôt, pour continuer à mettre des petites pierres et découvrir d'autres Kern du Doshu devant lesquelles nous sommes déjà passés plusieurs fois sans les voir, tant nous étions pressés ou obnubilés par aller… là-haut.
Je vous embrasse
Stéphane Carel Daï Shihan