L'année Nanbudo 2023 a été riche de stages avec l'enthousiasme de se retrouver et de partager, avec de nombreux enfants qui sont les marqueurs de la pérennité du Nanbudo.
Beaucoup de pays ont développé stages régionaux, stages nationaux, compétitions régionales et nationales. Beaucoup de passages de grades ont eu lieu. Beaucoup d'initiatives particulières, notamment concernant la santé, existent et font la richesse d'un Nanbudo international foisonnant.
Mais l'année 2023 qui vient de passer a encore, et encore, été terrible : guerres, massacres, catastrophes climatiques, disparition massive d'espèces animales, misère, faim…
Le vivant n'est pas respecté par des vivants !
乱取 - RANDORI.
乱, RAN : désordre, trouble, chaos.
取, DORI : prendre, saisir.
« Attraper le chaos » ?
Dans les Budo, Randori se traduit par pratique libre. Décidément, le Budo est une allégorie de la vie réelle : la liberté est liée au fait « d'attraper le chaos » !
Volonté de donner du sens à ce chaos, de s'élever au niveau de l'humain, d'élever le niveau des humains, le Budo est pratiqué en tant que voie (Do, Michi), en tant que voie éthique, chemin de perfectionnement de l'homme en quête de soi-même.
Yoshinao Nanbu Doshu Soke était très préoccupé par ce « chaos ».
Il écrit par exemple : « La multiplication des catastrophes naturelles et des déséquilibres climatiques doivent alerter l'homme sur les dangers de ne pas respecter la nature.
Mon objectif est de favoriser le développement de la nature et de l'univers par l'homme. »
Tous les grands Maitres des temps anciens et des Budo modernes ont lié leur pratique aux cycles de la nature, au respect de la nature. Tous les grands Maitres des temps anciens et des Budo modernes ont œuvré à la Paix, même si quelques-uns ont, un temps, participé à des conflits individuels, violents ou à des guerres : faire de la dualité une unité.
« Attraper le chaos » ?
Toujours ouvert, toujours pour toutes celles et tous ceux qui le veulent, toujours devant tout le monde, toujours attentif aux différences entre les personnes et respectant les évolutions personnelles de chacune et chacun, toujours en respectant et défendant les cultures différentes pour promouvoir l'humanisme et l'universalisme, le Nanbudo, le Budo créé par Doshu, contribue à « attraper le chaos » à son échelle.
Doshu écrit dans son livre paru en 1991 : « Le Nanbudo est une école de la vie créée dans un but de paix universelle, rappelant que ce n'est pas l'art de vaincre l'autre qui domine, mais la recherche d'un équilibre et d'un juste milieu. C'est aussi une école de courage et de rigueur dispensant une morale dont les valeurs assurent l'équilibre de notre évolution physique et mentale aussi bien au dojo que dans le cadre de notre vie quotidienne. Ces valeurs façonnent notre état d'esprit, nos modes de pensée, nous invitant à plus de compréhension, de tolérance, de respect d'autrui et de l'environnement dans lequel nous vivons. »
Mais, bien sûr, il ne s'agit pas de faire n'importe quoi, sinon le Nanbudo n'est plus le Budo créé par Yoshinao Nanbu Doshu Soke ! Rigueur, dit-il, il y a des règles, il y a des principes, il y a des formes (Kata) en Nanbudo : c'est un choix. D'autres choix sont possibles, ni mieux ni moins bien, différents, correspondant mieux à d'autres personnes, libres de choisir.
Sa force de courage était tenace et son énergie était positive pour avancer sur sa création, inlassablement, comme prévu à son origine en 1978 sur sa carte personnelle, sur « sa map de la vie » comme il disait.
Sans juger les autres Budo, sans se prendre pour supérieur, simplement, naturellement, logiquement, il a déroulé son enseignement sans se laisser détourner de son cap.
« Attraper le chaos » ?
Il nous a formé, il nous a laissé beaucoup d'exercices codifiés pour le Budo, le Kido et le Noryaku Kaihatsu pour en faire une unité comme il le voulait, il nous a laissé beaucoup d'écrits, pour que le Nanbudo puisse continuer sans dériver.
Comme je le dis souvent, il nous a laissé de quoi travailler une centaine d'années pour l'Art martial de l'an 2000, souhaitons qu'un nouveau Doshu Soke apparaisse dans une cinquantaine d'années pour un Art martial de l'an 3000 !
Je ne me lasse pas de répéter chaque année ce texte du Doshu, avec toujours la présence de sa voix, de son regard pénétrant et de son sourire communicatif :« Cette énergie contribue à la joie de vivre. C'est une véritable joie d'être là sur cette terre. Il faut en faire quelque chose. Il faut avoir une attitude juste. Il ne faut pas perdre son calme, éviter de se fâcher. Il faut préserver la gentillesse. Il faut rire, car le rire chasse la négativité. Il faut aussi donner ce qu'on reçoit. Il ne faut pas garder les enseignements pour soi. C'est en transmettant et en donnant qu'on progresse et qu'on évolue. »
Le Nanbudo est une voie pour la vie et je vous souhaite de garder la curiosité d'y explorer les possibles et d'y trouver ou d'y continuer votre chemin.
Je vous souhaite d'y croiser d'autres explorateurs qui y cheminent avec ces rencontres toujours enrichissantes.
Avec les efforts qu'il faut fournir, avec la rigueur dont nous parle Doshu, dans des conditions pas toujours favorables, je vous souhaite de vous y épanouir, d'y trouver un Nanbudo qui embellisse constamment votre vie.
Le Nanbudo continuer à respirer, à vivre, à irradier avec ses Nanbudoka pleins de Ki.
Doshu, comme tous les grands maitres de Budo, nous parlait de paix, d'harmonie, de respect de la nature et de l'univers pour l'homme, que puis-je vous souhaiter d'autres ?
Je vous souhaite une bonne année 2024 pour vous et vos proches.
À bientôt sur les tatamis, sur les plages, autour d'une boisson ou d'un repas, je vous embrasse.
P.S. Plusieurs demandes m'ont été adressées de bibliographies. 2024 sera l'occasion de « petites pierres » avec des commentaires de livres.
Carel Stéphane Daï Shihan