Les petites pierres de Daï Shihan LXI bibliographie1 : Roland Habersetzer Sensei

Il m'a été demandé plusieurs fois une bibliographie, sur des sujets différents, d'où cette idée d'en constituer une, progressivement, sur le site de l'AFDP.
Mais je dois procéder à quelques précautions d'usage, un peu comme ma première chronique.
Cette fois-ci cela concerne les livres et le rapport que j'ai aux livres.
J'ai été un dévoreur de livres, je me suis un peu calmé (heureusement vu la place que ça prend !) excepté pour ce qui concerne les arts martiaux et les arts de santé japonais ou français.

Les livres permettent d'aller au fond des choses. On peut les lire et les relire, entier, en partie, en n'y trouvant des éléments nouveaux que l'on n'avait pas vu auparavant, mais que la pratique a permis de voir.

Car, encore une fois, rien ne remplace la pratique, mais la pratique doit avoir un sens, dégager un sens. Ce sont ces allers et retours incessants entre pratique et théorie, sensations et intellectualisations qui permettent d'évoluer en s'élevant.

Les Samouraïs de haut niveaux étaient aussi de grands lecteurs.

Les livres sont des éléments de notre autonomie, de notre indépendance, de notre liberté.

Comme les techniques du Nanbudo, les livres se complètent et apportent à chaque fois un petit plus.

Aucun livre ne suffit à lui-même, mais certains nous marquent particulièrement et ouvrent souvent des champs de recherche. Aucun livre n'est, comme on dit, « une bible », c'est-à-dire un dogme à reprendre à 100 %. Il faut garder un esprit critique, confronter à d'autres sources et faire ses choix

Je vais vous conseiller plusieurs livres dans mes prochaines « petites pierres », sans qu'il n'y ait de hiérarchie entre eux, excepté pour ceux du Doshu.

Ne vous précipitez donc pas forcément à l'issue de ces premières « petites pierres », vous pouvez attendre les prochaines pour avoir plus de choix.

Je commence, ainsi, par ce qui est pour moi un incontournable : Roland Habersetzer Sensei.

Roland Habersetzer Sensei est, parmi les pionniers du Karaté Do en France et en Europe, une des premières ceintures noires et une cheville ouvrière de la jeune Fédération française de Karaté avant de s'en détourner du fait d'une évolution de plus en plus uniquement sportive.

Il consacre sa vie à l'enseignement, considérant le Karaté Do comme un art et une expression culturelle, conjuguant tradition et modernité, et il a fondé sa propre école : Le Tengu no Michi.

Professeur d'histoire et de géographie jusqu'à sa retraite de salarié, resté toujours dans son Alsace natale, Il est l'écrivain, avec l'aide de son épouse, Gabrielle Habersetzer, peut-être d'une centaine d'ouvrages sur les arts martiaux Japonais et Chinois, romans, sans compter les chroniques dans les différentes revues d'arts martiaux dont la première, je crois, Budo, où il a été Rédacteur en chef avec le directeur de la publication, Henri Plée Sensei.

Tous ses livres, historiques, techniques, didactiques, romans, sont d'un intérêt exceptionnel.

Même si Habersetzer Sensei est un Karateka Shotokan, je continue de consulter régulièrement ses livres didactiques comme « Karaté pratique », « Karaté Kata ».

Et je continue de relire, parmi ses premiers livres collector, « LE GUIDE MARABOUT DU KARATE » publié en 1969.

Tous ses livres « Karaté de la tradition », « Kung-Fu originel », « Bubishi à la source du karaté » sont passionnants et très instructifs.

Pour ceux que cela peut intéresser, vous pouvez lire son autobiographie, quelques 342 pages : « Mémoires martiales 1957-2019, Souvenirs... Partages... Anecdotes... Emotions... Voyages... Ronde de visages et de rencontres...Enthousiasmes et déceptions... Certitudes et doutes... Regrets et trahisons...Confidences, en toute simplicité... »

Vous la trouverez sur le site CRB, Institut Tengu.

Vous y lirez son histoire et l'histoire du Karaté Do en France à travers lui.

Comme dans d'autres ouvrages, nous y retrouvons beaucoup de déceptions, beaucoup d'amertumes, certainement un sentiment de non reconnaissance. Pourtant, combien sont ceux que je connais, dans beaucoup d'arts martiaux, qui s'y réfèrent !

Vous l'avez compris, Roland Habersetzer Sensei est, pour moi, une référence.

Sans, bien sûr, que ce soit limitatif, je vous conseille trois ouvrages.

ENCYCLOPEDIE DES ARTS MARTIAUX DE L'Extrême-Orient.

Vous trouverez plusieurs éditions avec des appellations telles que Nouvelle encyclopédie… ou pour la dernière l'Ultime encyclopédie…

Je le conseille à tous les Nanbudoka gradés qui pensent continuer jusqu'au bout, cet ouvrage les accompagnera tout au long de leur quête.

Gros ouvrage de plus de 1100 pages, vous y retrouverez plus de 9000 entrées sur des techniques avec beaucoup de graphiques et dessins, des concepts, des histoires, des hommes, des styles, des éléments culturels concernant tous les pays de l'Extrême-Orient.

Comme toutes les encyclopédies, cela ne se lit pas comme un livre mais plutôt comme un dictionnaire. Par recherche de la signification d'un mot, nous sommes amenés à rechercher d'autres mots connexes, ce qui permet de faire le tour de la question.

Fondamentalement MARTIAL. Matières à réflexion sur les arts martiaux.

C'est un recueil d'articles parmi ceux parus dans diverses revues depuis Budo dans les années 1970.

Il contient beaucoup de concept, d'histoires, de critiques, autour d'une vie consacrée au karaté et aux Arts martiaux en général.

Ils sont structurés autour des titres suivants :

1. Le plaisir d'aller sur la voie, la volonté de l'enrichir, le devoir de la transmettre…Une vie, une passion, un engagement !
2. Ecrits sur les Budo
3. Au-delà des techniques, ces « choses de la voie »
4. Regards et billets du Soke
5. Rencontres avec Roland Habersetzer.

Là aussi, comme c'est un recueil d'articles, on peut y butiner sans un ordre chronologique.

Je ne suis pas d'accord sur tout, mais tout est sujet à réflexion. Et vous y retrouverez les éléments fondamentaux qui font la culture Budo.

TENGU-RYU KARATE-DO Une pratique fondamentalement martial de l'art de la main vide.

Il avait déjà écrit « TENGU Ma voie martial » avec comme sous-titre, Pour un art martial aux normes de notre temps.

Il y développe un condensé de ses réflexions avec la création d'une voie personnelle, alliant modernité et traditions, reprenant certains aspects de ses livres sur la Self-défense.

Sa maxime, celle de son école, résume à mon avis très bien sa pensée : « Ne pas se battre, ne pas subir »

Voulant réagir depuis longtemps à un affadissement des arts martiaux, à une vision uniquement sportive ou à une pratique purement ludique, il présente ici, non pas un nouvel art martial avec un nouvel agencement de techniques, mais plutôt une actualisation d'un comportement martial dans le monde moderne. Au-delà de certaines techniques, il est plus question des concepts de fond du Budo.

Comme tous les « grands » Habersetzer Sensei reprend bien des citations telles « Celui qui se polarise sur la technique perd la voie » d'un grand maitre de Kyudo, Anzawa Heijiro ou « La tradition n'a rien à voir avec la technique. Elle parle d'éthique et de morale » de Mabuni Ken'ei, le fils du fondateur du Shito Ryu.

Ce qui est évoqué dans ce livre intéressera les Nanbudoka gradés comme tous les Budoka.

Bien sûr, n'hésitez pas à me faire des retours sur ces lectures.

Et à bientôt, sur les tatamis, je vous embrasse.

Carel Stéphane Daï Shihan