Mantra
Gravé dans ma mémoire, le 12 Mai 2020 à 14h05, à l’unisson des Nanbudokas, seuls ou en groupe, par vidéoconférence pour certains groupes, en méditation ou au boulot mais toutes et tous ensemble par la pensée pour Nanbu Doshu Soke: Na Mu Tai Tan Han Dan Sei No Sei, le Mantra du Nanbudo.
Combien de fois l’avons-nous fait avec Nanbu Doshu, notamment le jeudi soir au stage annuel de Playa de Aro où nous le répétions 108 fois, mais ce 12 mai, c’était autre chose, et après ce sera encore autre chose.
Si le Mantra en soi n’a rien à voir avec les religions, beaucoup de religions ont des Mantra, d’où une confusion possible.
En ce qui me concerne je ne parle que du Mantra du Nanbudo, et celui-ci n’a rien de religieux, Nanbudoka croyants divers ou non s’y retrouvent en harmonie.
Nanbu Doshu est un pur produit de « l’âme japonaise ». Comme je l’ai abordé dans notre dernier cours théorique en visio pour les ceintures noires et professeurs de l’AFDP, les orientaux conçoivent le monde comme vibratoire et non pas matière.
Et toute forme est animée. Toute chose, tout objet et tout élément du vivant font partie d’un tout.
Le son est donc très important, et au japon il y a le Kotodama, 言霊 que l’on peut traduire par mot-esprit, l’âme des mots, j’avais écrit un article sur ce sujet dans notre revue d’alors, « Tenshin »
Le Kotodama est très ancien, secret à l’origine. Dans la pensée Shinto, il est lié au bing bang d’où l’univers a émergé, au Ki, au Yin/yang avec des voyelles plutôt yin et des consonnes plutôt yang.
Le son produit par une certaine intonation doit provoquer une vibration sur les centres nerveux du récitant qui le met en union avec l’énergie de l’univers.
Les mots sont tout aussi important par le sens qu’ils ont et leur résonnance tant au niveau vibratoire du son que dans sa signification au niveau psychique.
D’où l’importance que Nanbu Doshu accordait à la répétition à haute voie ou de manière muette au Mitsu no Chikara et au Nanatsu no Chikara :
« C’est le degré de présence et d’implication lors de cet exercice qui va permettre de mobiliser le mental et d’être totalement imprégné de leur sens »
« Ce ne sont pas seulement des mots, c’est aussi une incarnation de leur sens »
Mantra vient de sanscrit, Man voulant dire penser, instrument de pensée, c’est une syllabe, une suite de syllabes que l’on répète pour méditer.
Nanbu Doshu nous le présente ainsi : « la pratique régulière de la méditation active constitue un support efficace pour préparer l'intuition. La prise de conscience de cette pratique méditative est symbolisée par la répétition de son dont l'effet vibratoire éveille nos fonctions psychiques et spirituelles.
Ces sons monosyllabiques permettent de contrôler notre mental et de provoquer de cette manière l'éveil de l'intuition. Un mental troublé ne saurait être réceptif »
Et après l'explication du Mantra, il conclut par : « Nous retrouvons là, le corps, l'esprit et l'univers dont la symbiose forme un grand tout »
NA MU TAI TAN HAN DAN SEI NO SEI
Le mantra du Nanbudo fait référence aux 7 forces : Na (Nanbudo, corps et esprit) Mu (Mugen, vide, rien, univers, infini) Taï (Tai Ryoku, corps) Tan (Tan Ryoku, courage) Han (Handan Ryoku, discernement) Dan (Danko Ryoku, action) Sei (Seï Ryoku, énergie positive) No (No Ryoku, habileté intellectuelle) Sei (Seïmeï Ryoku, vitalité)
Il les condense comme il condense Mitsu no Chikara car chaque force est liée aux trois principes, Chikarada, Yukida, Shinnenda, force, courage, conviction.
Il les condense et il les dépasse : s’il évoque ces significations il porte sa propre signification.
Sa répétition se fait dans un certain rythme. Ce rythme change en fonction de son degré de pratique.
La mélodie, l’intonation, la prononciation à haute voix ou en silence tout cela compte.
Il se prononce NA MOU TAILL TANN HANN DANN Sé NO Sé avec un accent tonique su le dernier Sé.
Seul ou en groupe, dans un lieu fermé ou dans un lieu ouvert, effectué à l’occasion ou régulièrement le jeudi soir au Stage de Playa de Aro, intégré au salut, celui que nous avons fait au stage de Crest avec Nanbu Doshu pour Jean Collomb Hanshi, répété très rapidement avec Nanbu Doshu, prononcé exceptionnellement le 12 mai 2020 à 14h05, l’effet est différent.
Le mantra provoque une accélération des fonctions cérébrales, des battements du cœur et de la respiration qui affectent les émotions.
Le son, le son harmonieusement partagé, le rythme, la mélodie qui nous emporte, nous met dans un état de méditation : communication avec soi-même ? mise à l’unisson de l’univers ? état de sérénité ?
Que dire de ce que cela provoque tous les ans le jeudi soir à Playa de Aro ?
Intellectualiser ou ressentir ? Nanbu Doshu était plus, dans le faire que dans le commentaire. Ce qui ne l’empêchait pas d’expliquer !
L’efficacité d'un mantra dépend de celui qui le fait et non pas d'une force extérieure.
Laissons aller, faisons, ressentons, et alors ce qui nous a paru lointain, incompréhensible ou même incongru devient une évidence, en nous, avec d’autres.
Carel Stéphane Daï Shihan