Il y a tant de sujets que je voudrai aborder dans ce blog mais je suis irrémédiablement ramené à la situation désastreuse dans laquelle nous sommes plongés.
La situation change de semaine en semaine, mais comme nous ne pouvons pas savoir ce qui va advenir, confinement/déconfinement/reconfinement, couvre feux, etc… je pense que cette chronique pourra couvrir tout le mois de décembre sans problème.
Malgré tout j’essaie de rester dans le cadre du Nanbudo.
Par contre je vais ponctuer mes phrases de points d’exclamation partout, je ne sais pas comment faire autrement.
Lorsque l’on dit que le mental doit se forger non pas uniquement dans le dojo, non pas uniquement au travers d’exercices physiques ou à propos de techniques qui peuvent sembler difficiles à réaliser, non pas uniquement en compétition, mais que le mental se forge dans la vie, pour la vie, et bien là, nous sommes servis !
Devant une situation inconnue, incertaine, où l’on ne peut pas se projeter sur le futur autrement qu’en se disant « un jour ça ira mieux » nous sommes mis à rude épreuve !
De plus il est difficile de se raccrocher à des explications, à une compréhension de la situation tant la Doxa (norme de pensée dominante dans les milieux dirigeants) et le complotisme se font la courte échelle l’un l’autre, les deux voulant faire peur !
Les incohérences dans les mesures prises dont certaines versent dans le ridicule n’aident pas non plus à comprendre ce que l’on essaie de faire.
Il nous faut cultiver l’esprit critique, prendre du temps avant d’avoir un avis, ne pas se laisser téléguider par n’importe qui, essayer de comprendre et ne pas hésiter à ne pas comprendre pendant un temps, discerner ce qui fait partie du débat scientifique et ce qui fait partie du débat politique etc… Et surtout, encore une fois, ne nous laissons pas aller à opposer les gens entre eux. Le Budo nous aide à avoir moins peur, à ne pas faire n’importe quoi mais également à ne pas rentrer dans une psychose.
Si la létalité de ce virus semble se situer pour l’instant vers 0,5% il ne faut pas oublier non plus que pour la personne touchée et ses proches on n’est dans du 100%. Il ne s’agit pas de nier la dangerosité de ce virus qui n’est pas bien connu mais ne pas non plus le surévaluer. Encore une fois, la peur doit se maitriser, sinon elle est très mauvaise conseillère !
La seule chose dont nous pouvons être sûr, c’est que nous avions mis les protocoles sanitaires demandés, dès fois même de manière renforcée, (pas que nous mais les salles de sports, les lieux culturels, les restaurants, les bars, beaucoup de petits commerces etc…) et que sans explications cela a été fermé, et ce dans un temps record ! Les seules explications, en effet, auraient pu être que ces protocoles n’étaient pas bons ou insuffisants et alors ils suffisaient de les modifier ! Si certains ne les respectaient pas alors il fallait les aider et éventuellement réprimer si c’était nécessaire.
Ah, j’oubliai, il y a ce qui est essentiel et ce qui ne l’est pas ! Les pratiques physiques, sportives, martiales ne sont pas essentiels ?!!!
Et là notre mental, mais aussi notre intelligence sont mises à dure épreuve !
Incompréhension (ou compréhension hors de la doxa et du complotisme), doutes, colère maitrisée, périodes d’abattement et de découragement, rien que de plus normal !
Comment continuer à se motiver individuellement et collectivement dans cette situation, dans sa vie, dans son boulot, dans son club qui est fermé ?
Comment garder le contact avec ses élèves et les motiver eux aussi ?
Il y en a qui réalisent des cours en vidéo, des tutos, des cours par visio et qui doivent constamment se renouveler et cela doit être épuisant. Lorsque l’on voit la difficulté d’enseigner en temps normal avec des niveaux différents sur le tatami, on n’imagine bien la difficulté décuplée en visio. L’entraide entre les professeurs de Nanbudo est créative !
Bien des initiatives se tiennent dans l’ombre de la passion, du respect des élèves, de l’amitié, de la modestie, bien loin du paraitre dans la lumière « de la renommée ? »
Que toutes ces professeures et tous ces professeurs en soient remerciés. Quelle force, quel courage, quel discernement, quelle action, quelle énergie positive, quelle intelligence, quelle force vitale !!!
Comment le Nanbudo pour les Nanbudoka ne serait pas essentiel ? Mais c’est vital ! Ils ont besoin de pratiquer, de partager, d’enseigner, de s’élever, de se réaliser, et ils ont choisi le Nanbudo. D’autres ont choisi un autre art martial, un autre sport, un autre art et ils sont dans la même situation.
On le verra lors de la x ème vague qui sera (qui a déjà commencé) psychologique où se mêlerons désespoirs, maladies mentales, exacerbation des rapports humains et certainement des phénomènes nouveaux, pas très joyeux, que l’on découvrira à ce moment-là.
Les dangers seront alors bien plus grands et toucheront une très grande partie de la population.
Nous savons bien que notre rôle de transmission, de partage, va bien plus loin que juste des apprentissages techniques, ne se limitent pas à une surface déterminée de tatamis.
Ce rôle est souvent encensé par les gouvernements qui se succèdent sans nous en donner les moyens, contents que l’essentiel de ce qui fait fonctionner tout cela soit des bénévoles, ce qui permet à des masses d’argent énormes d’aller dans quelques poches du sport spectacle.
Mais ce qu’ils ne peuvent pas comprendre, malgré que nous revendiquions, malgré que nous ne soyons pas content de cette situation, quelquefois en colère même, c’est que nous soyons récompensés par les sourires, les moments de vie partagés, en voyant les effets de la pratique du Nanbudo sur certaines personnes, en continuant à aspirer quel que soit notre âge (et nos courbatures) à nous élever, nous réaliser, progresser. Oui, envers et contre tout !
Nanatsu no Chikara ne sont pas une formule magique, elles sont ce que l’on en fait, comme l’a écrit Nanbu Doshu Soke : « La pratique des sept forces est propre à chacun et l’accompagne sur son chemin »
Pour les Nanbudokas, Nanatsu no Chikara avec Mitsu no Chikara sont un moteur puissant pour continuer, continuer, continuer.
Bon courage à toutes et tous, à bientôt, je vous embrasse.
Carel Stéphane Daï Shihan