Avec les vacances d'été, pour ceux qui ont la chance d'avoir des vacances, c'est le stage, LE STAGE de Playa de Aro avec Yoshinao Nanbu Doshu Soke !
Il y a tellement de choses à dire, tellement d'anecdotes à raconter, chaque participant pourrait écrire un article de blog par stage !
Mais tout ne peut pas se partager avec celles et ceux qui n'ont pas pu encore y participer. Il faut d'une part en faire SA découverte et d'autre part, les émotions et l'énergie qui circulent dans ce stage entre les participants ne leur appartiennent qu'à eux et se modifient d'un stage à l'autre.
Mais là, je me mets à parler encore au passé, tant c'est présent ! Avec Yoshinao Nanbu Doshu Soke !!!
Qu'était ce stage avec lui ? Après plus de 45 ans, il se déroulait, tout d'abord, la dernière semaine de juillet et la première semaine d'août. Ensuite, il a eu lieu les deux dernières semaines de juillet. Enfin, il s'est déroulé la dernière semaine de juillet les dernières années.
C'était avec Doshu, un rendez-vous incontournable, connu, presque rituel.
On n'avait beau participer, tous les ans, de cinq à dix stages avec lui, on ne pouvait pas ne pas aller au stage de Playa, sauf cause majeure.
Combien sont venus en n'ayant comme toute information : Nanbu Doshu est à Playa de Aro fin juillet ?
Pour ma part, la première fois que j'y suis allé, je ne savais que deux choses : c'était à Playa de Aro et le lieu de rendez-vous, un dimanche, à l'hôtel du Cap Roig : rien de plus !!! A combien de personnes, en plein cagnard, à l'arrivée du car venant de Gérone, sur la plage de Playa de Aro, avec tente et bagages à l'épaule, ais-je demandé « por favor donde es el Cap Roig ». Avec mon accent inimitable, des Catalans me regardaient avec des yeux ronds, jusqu'à celui qui a lu mon papier en Catalan, auquel je n'ai rien compris, mais qui m'a mis sur la bonne direction.
Combien d'autres ont fait le même chemin. ? Combien, après plusieurs années d'absences sont venus là, parce qu'ils savaient que le Doshu était là !
Il y a une quarantaine d'années, tous les entrainements se terminaient dans la mer, matin et soir, d'où, pour la recherche d'hébergement, un impératif : un lieu pour faire sécher les kimonos, avec deux jeux de Kimono bien venus.
Les débuts étaient durs, les cours n'en finissaient pas, c'était physique, et très peu faisaient les deux stages de suite dans leur intégralité.
Nous répétions sans cesse Oi Tsuki, Mae Geri et Mawashi Geri. Les Tenshin Jodan Uke et Tenshin Gedan Barai que l'on répétait, que l'on répétait avec le « one more time » du Doshu, la délivrance du « Last one » suivi souvent d'un « one more time » qui nous consternait et ne nous laissait aucun espoir à prévoir la suite !
Mais l'intensité physique de ces entrainements étaient toujours au service de ce que l'on apprenait, de ce que Doshu testait, des enrichissements constants qu'il apportait. De la première semaine à la seconde, cela évoluait déjà.
Et puis, après une année de recherche dans tous les stages qu'il faisait sur une année, souvent, il stabilisait une technique particulière à Playa, en disant « c'est décidé, maintenant, comme çà ».
Lorsqu'il me disait au début du stage « au stage, tout changer », même si j'avais une confiance indéfectible sur ses recherches, sur les évolutions qu'il apportait, j'avais quand même quelques appréhensions en arrière fond !
En fait, c'étaient des enrichissements, des évolutions qui, à la pratique et à la réflexion étaient complètement logiques.
L'emblématique était le Ki Nanbu Taiso qu'il n'a pas cessé de peaufiner.
Il y avait des nouveautés pour nous, mais prévues par lui de longues dates. Il attendait le bon moment. Alors c'était l'émerveillement, les larmes aux yeux, la sensation qu'on n'y arriverait jamais tellement, fait par lui, c'était beau !
Avec la mer, le sable, le ciel, les pins, le vent, le Kido Ho y prend une autre saveur. Le Noryoku Kaihatsu Ho, notamment le jeudi soir, que pour ma part je n'ai expliqué à personne pour qu'elle en fasse la découverte elle-même, est devenue, au gré des évolutions opérées par Doshu, …magique !
Enfin, Playa est le stage où depuis le début, les Nanbudokas de tous les pays se rencontrent et se retrouvent.
Pour se comprendre il y a les classiques anglais/français/espagnol, les mots importants, « bonjour, merci, eau » qui se déclinent dans toutes les langues. Il y a aussi un langage Nanbudo, qui avec Doshu, s'est créé : du japonais bien sûr, de l'anglais (more hip !), du français (les bases !), du franglais (avec punch !), de l'espagnol (cambio !) de l'anglo-norvégien (forty tem) etc…
Doshu avait coutume de dire qu'un stage à Playa de Aro c'était l'équivalent de 3 mois d'entrainement !
Et maintenant ? Et cet été ? Les Dai Shihan Mariano Carrasco, Léo Rafolt, Serge Salvai et moi-même nous sommes engagés auprès du Doshu pour continuer, et le stage international d'été ne peut qu'avoir lieu à Playa de Aro.
L'absence physique de Doshu sera cruelle mais sa présence s'y fera fortement sentir !
Après près d'un demi-siècle avec lui, nous continuerons à faire vivre le Nanbudo, le Nanbu-Budo, donc sa voie, donc lui !
J'espère vous y voir nombreuses et nombreux, de tout âge, de tout grade, pour continuer à vivre ensemble des émotions fortes, pour que, ensemble nous puissions permettre à chacune et chacun de se réaliser.
Je vous embrasse.
Carel Stéphane Daï Shihan